Si tu t’imagines Juliette, Juliette… Si tu t’imagines…
Oui ! Imaginons-la, décomposons-la cette Juliette si « connotée » !
Évoquons l’amour, avec de grands « ah! », ou en petits tas…de désirs enfouis, de temps enfuis, de rêves défaits que l’on refaits.
La première proposition invitait ainsi à écrire une scène dialoguée entre deux adolescents.
Une scène de séduction et de balcon bien sûr !, où la langue et les mots d’aujourd’hui devaient être utilisés.
Les élements suivants devaient constituer la scène :
- c’est la nuit tombée
- une jeune fille, Juliette, sur son balcon parle pour elle-même pensant être seule
- un jeune homme est là caché qui l’entend. Tous deux se connaissent, ou se sont rencontrés peu de temps auparavant
- il est question de la lune
- Juliette se fait appeler à plusieurs reprises par quelqu’un de l’intérieur de la maison où elle se trouve
- les parents de la jeune fille ne doivent pas être au courant de cette rencontre
- Juliette a besoin d’être rassurée
- Juliette rougit
- un rendez-vous est donné le lendemain à 9h
La seconde proposition s’appuyait sur le poème de Raymond Queneau, « Si tu t’imagines… » mis en musique par Kosma et chanté par la sublime Juliette Gréco. Il fallait alors écrire à la manière de Queneau un poème à une jeune fille d’aujourd’hui ou à la jeune fille que l’on était.
Des éléments du poème (bouts de phrases, jeux de mots, répétitions, composition en vers de 5 pieds) pouvaient être repris à la guise de chacun.e.
Si Tu T’Imagines – Juliette Gréco (Tokyo, 1961) – YouTube
Enfin, la troisième proposition permettait à chacun.e de retrouver la Juliette de la première proposition…mais bien des années après.
Juliette, âgée, se souvient de cet amour de jeunesse, de ce rendez-vous manqué.
Voici les trois textes de Marie B ! Qui peuvent se lire d’une traite, à l’apéro, en sirotant un limoncello…
" La nuit tombe sur la petite ville de Pistoia, il fait plus doux après la chaleur estivale de la journée. C’est le moment où l’on recherche un peu d’air frais avant le repas du soir. Juliette s’est réfugiée sur le balcon de sa chambre pour trouver un peu de repos et de solitude, car la journée a été fatigante, avec ses cousins et cousines et leurs parents qui sont arrivés ce matin de Florence. Ils ne se sont pas vus depuis quelques mois, à cause de cette épidémie et ont tant de choses à se raconter. Mais là elle est épuisée : le déjeuner interminable, l’installation de tous dans la maison, et descendre ces escaliers, vérifier que tout se passe bien, que personne ne manque de rien. Elle a fait tout ce qu’elle a pu, car sa mère n’a pas retrouvé sa santé florissante d’avant la maladie. Elle soliloque en énumérant tout ce qu’il faudrait encore faire pour que tout soit parfait : - Heureusement je n’ai pas à m’occuper des repas, il y a la Rossella qui s’en charge parfaitement, - C’est vrai qu’elle nous aide bien. - Je n’ai pas vérifié si on a mis assez de cintres dans les armoires, et la salle de bain du deuxième étage, - Je ne suis pas remontée voir dans quel état les cousins l’ont laissée ; - J’espère que Papa a pensé à prendre le vin dans la cave. - C’est quand même fatigant tout ce monde, 20 personnes à table et cela va être comme ça pendant trois semaines ! - Finalement ce confinement a eu du bon, je me suis bien habituée à vivre à mon rythme, à lire, à réfléchir. - Ce tourbillon de monde aujourd’hui m’a épuisée, vivement ce soir que je retrouve ma chambre, - Même si je dois la partager avec Anna, ma petite cousine, mais elle est si mignonne, j’étais peut-être comme ça à huit ans.
Elle se penche un peu, car il lui semble avoir perçu un mouvement, dans la rue sous son balcon. La nuit noire l’empêche de distinguer nettement ce qui se passe au-dessous d’elle et elle fait un brusque mouvement en arrière en entendant une voix qui monte doucement jusqu’à elle : - Tu étais aussi mignonne qu’Anna, je te le jure, j’espère qu’elle sera aussi jolie que toi quand elle aura quinze ans, dit une voix caressante qui monte jusqu'à elle - Mais qui es-tu ? Comment sais-tu mon âge (la voix jeune de son interlocuteur lui fait penser qu’il a lui aussi le même âge, ou à peu près) - Je te vois souvent passer, dans le quartier et puis on va dans le même lycée, tu es dans la classe de Paola Sanseverina, ma cousine.
- Juliette, tu descends ? On passe à table dans quelques minutes - J’arrive ! - Tu disais, Paola ? ta cousine ? mais alors tu dois être Roméo ? - Oui et tu es la plus jolie de ses amies et surtout la moins idiote, mais tu me sembles bien triste ces temps-ci, est-ce que je pourrais t’aider à retrouver ton sourire et ta gaîté ? On pourrait se voir qu’en penses-tu ? - Mais je ne te connais même pas ! S'entend-t-elle répondre en hésitant
- Juliette, mais qu’est-ce-que tu fabriques ? - Je descends, je descends - Écoute Roméo, il faut que j’y aille, on m’attends pour dîner, et je ne suis pas sûre de vouloir te rencontrer, je ne veux pas avoir de copain, je préfère étudier, et puis mes parents veulent voir tous mes amis et ils ne te connaissent pas, d’autant que les parents de Paola et les miens ne sont pas spécialement en bon terme, donc ça risque d’être compliqué !
À ce moment là, les nuages se dissipent et laissent passer un rayon de lune qui permet à Juliette de voir Roméo. Stupéfaite elle reconnaît ce garçon qui l'attire depuis sa plus tendre enfance, il fait partie de tous ses souvenirs. Elle bafouille, rougit, a envie de rire, de pleurer, mais finalement elle se reprend et s’adresse à lui d'un ton grave : - D’accord Roméo, on va se voir, à une condition, mes parents ne doivent jamais savoir qu’on se connaît. - Tu dois me donner ta parole. - Si tu veux comme demain je dois aller à la bibliothèque, je sortirai de chez moi à 9h et tu pourras me rattraper en chemin.
Abasourdie par ce qu'elle vient de proposer, sans même réfléchir aux conséquences de ce rendez-vous et sans même laisser à Roméo le temps de lui répondre, elle se faufile dans sa chambre pour descendre rejoindre sa famille dans la salle à manger. Alors qu'elle descend les marches quatre à quatre, un tourbillon de pensées la submerge : va-t-il l'embrasser ? Doit-elle accepter ? Tombe-t-on amoureux ainsi ? Est-ce l'homme avec qui elle va faire sa vie ? Il faut qu'elle parle avec quelqu'un. Paola ? Mais c'est la cousine de Roméo et elle préfère ne pas lui révéler son secret. Elle a un amoureux ! Et pas n'importe qui, c'est le plus beau garçon du lycée et toutes les filles de son âge en sont amoureuses ? Mais on ne le voit qu'avec des copains ou seul, alors qu'en penser ? Et pourquoi elle ? Pourquoi maintenant ? Et si elle en parlait à sa jeune tante Orietta, c'est sa tante préférée, elle a vingt-cinq ans, juste dix ans de plus qu'elle. Elles sont très complices et Juliette garde souvent son petit garçon quand elles sont en vacances ensemble. Oui c'est une bonne idée, elle va essayer de lui parler. Elle comprendra, elle et elle lui dira quoi faire. Elle entre dans une pièce pleine de rires et de fumets savoureux qui montent des plats préparés : à même la table une immense crêpe de Polenta occupe tout le centre, à côté, des soupières contenant du ragoût de lapin, une sauce aux cèpes, de la Porchetta, en attente d'être dégustés. Sa jeune tante commence à servir (zut, elle ne pourra pas lui parler tout de suite), car la polenta se mange très chaude. Sur une desserte, des salades, de la charcuterie et des fromages composent la suite du repas qui se terminera par d'énormes morceaux de pastèques ruisselantes de jus savoureux. Juliette, un peu étourdie par tous les bruits de voix qui se mélangent (les graves des hommes, les fluettes des touts petits et celles légères et tendres des femmes) traverse la pièce telle une somnambule et enlace tendrement sa mère. Elle voudrait tellement lui faire partager son secret, mais c’est impossible, elle le sent : sa mère pour l'instant n'est pas trop disponible. Durant ce long hiver, sa maladie lui a pris toutes ses forces. Pour Juliette elle est un modèle d'amour et de solidité et son univers familial s'est écroulé quand elle a compris que ses parents n'étaient pas invincibles, d'ailleurs elle leur en veut de ne pas l'être, de l'avoir poussé à grandir trop vite, de lui avoir volé son enfance. Mais très vite elle balaye ces pensées mesquines : sa mère n'a pas choisi de tomber malade et son père ne pouvait pas tout assumer seul. Juliette se sent tout-à-coup égoïste et injuste envers ses parents. Elle a toute la vie devant elle pour être heureuse ! Elle revoit encore son père dans le petit salon, lui annonçant que sa mère est gravement malade et qu'elle devra s'occuper de la maison et de ses frères, car elle est l'aînée et il ne peut compter que sur elle. Heureusement il a réussi à faire face à tous les problèmes et elle l'a aidée du mieux qu'elle a pu. Ses petits frères n'ont pas tout compris, mais finalement c'est mieux ainsi. Elle veut les protéger et préserver l'insouciance de leur jeune vie. Et puis leur mère va mieux maintenant et pourra très bientôt reprendre toute sa place dans ce cocon familial qu'elle-même aura du mal à quitter ; et si c'est pour partir avec Roméo, elle se sent déjà pousser des ailes. Elle est amoureuse ! Mais ce tourbillon d'émotion qui l'habite depuis quelques minutes la déstabilise complètement, car en quelques secondes elle passe du doute à la certitude. Il faut absolument qu'elle parle à sa tante Orietta, mais comment faire ?" "Si tu t’imagines , si tu t’imagines fillette, fillette que le bonheur se répète, se répète à l’infini, que le plaisir se décline, se décline à l’infini que les belles rencontres se multiplient, se multiplient à l’infini que la tendresse nous submerge, nous submerge à l’infini que la beauté dure, dure à l’infini que tous les matins sont remplis de câlins que toutes les nuits sont remplies de passions que l’amour se trouve sur tous les chemins Mais il ne faut jurer de rien Mais le temps passe et c’est très bien Mais le temps use et nous amuse et si demain n’est plus aujourd’hui Demain est incertain Alors fillette, prends le temps De goûter la vie, la nuit, la pluie, D’aimer à mourir, d’aimer à plaisir, D’aimer à aimer car, Si tu crois fillette Si tu crois fillette Que tout cela dure Ce que tu te goures Fillette, fillette Ce que tu te goures" "Juliette gara la voiture près de la gare, prit son sac de voyage et d’un pas rapide se faufila entre les passants pressés, vers la maison de ses parents. Il était un peu tard, le voyage avait pris plus de temps que prévu. C’était l’heure du dîner pour eux. En arrivant devant la maison, quelqu’un la bouscula et elle faillit lâcher son sac. L’inconnu s’excusa sans s'attarder, mais elle eut le temps de le regarder et son visage lui sembla familier. Il avait déjà disparu à l’angle de la rue quand tout à coup, elle fut submergé par un souvenir lointain : l’année de ses quinze ans et cette ébauche d’idylle avec Roméo (le bien nommé). C’était il y a bien quarante ans, maintenant. Elle se rappela avec émotion, la nuit sans dormir en pensant à son premier rendez-vous, le lendemain. Le petit déjeuner, où elle ne put rien avaler, puis le choc, comme si le ciel lui tombait sur la tête quand elle entendit son père et ses oncles parler de cette excursion surprise où toute la famille devait aller ! Départ à 8h30 précise pour tout le monde, c’était sur les bords d’un lac, une journée magnifique s’annonçait. Grands et petits étaient ravis et surexcités. Pour elle ce fut comme un jour funeste, elle se sentait comme Cassandre pressentant les drames de la guerre de Troie. Elle essaya de dire à sa mère qu’elle ne se sentait pas bien, mais rien n’y fit. Elle entendit même ses tantes et sa mère parler de cette période difficile de l’adolescence (on ne sait jamais comment leur faire plaisir ! ). Même Orietta, sa tante préférée lui fit la morale et ne voulut rien entendre de ses explications, tout le monde se préparant pour cette magnifique excursion. Elle dut attendre la fin des vacances scolaires pour croiser de nouveau Roméo qui ne daigna pas la remarquer. Il lui semblait indifférent et hautain, elle en fut blessée et triste. Rien n’y fit. Elle essaya même de parler avec Paola de son cousin, mais celle-ci n’en savait pas grand-chose. Comme Juliette était une grande timide, à l’époque, elle se referma sur elle même et s’efforça de l’oublier. Elle fut tentée de lui écrire, mais ne sut comment s'y prendre. Jusqu’au jour où elle crut comprendre que si Roméo n’avait rien fait pour la retrouver, c’est qu’elle n’avait peut-être pas une grande importance pour lui, alors que pour elle, il était « le Prince charmant » de son enfance. Tout ça à cause de ces fichus prénoms, quelle idée quand on s’appelle Juliette de tomber amoureuse de Roméo ! Quant à Roméo, il poursuivit son chemin, pressé, mais songeur : chaque fois qu'il passait dans cette petite rue, il avait un pincement au cœur. Qu'était donc devenue cette charmante Juliette. Que de regrets, que d'espoirs déçus. Il avait eu du mal à s'en remettre, à seize ans, son premier chagrin d'amour avait été difficile à surmonter, mais il avait tenu bon et n'avait pas un instant envisagé de pouvoir d'entamer une relation avec une jeune fille capricieuse et coquette : elle s'était moquée de lui ! Il avait pensé qu'ils partageaient la même émotion, mais elle n'était pas venue au rendez-vous et il l'avait aperçu le soir même entourée d'une bande d'amis, revenant sans doute d'un pique-nique à la campagne, riant et chantant. Il savait qu'ensuite elle avait essayé de le contacter, mais il avait tenu bon, à son cœur défendant. Et puis le temps avait fait son œuvre.... En fait quelle idée quand on s'appelle Roméo de tomber amoureux de Juliette, c'était forcément un amour voué à l'échec. Cette pensée le fit sourire et le trouble qui l'avait envahi fut vite dissipé. Il devait se dépêcher, sinon il serait en retard à son rendez-vous. Un peu plus tard dans la soirée... Juliette n'avait pas sommeil, malgré le décalage horaire. Elle avait atterri à Rome ce matin très tôt, et ces vols de nuit depuis New-York étaient chaque fois un peu plus épuisants. Mais tous les cafés qu'elle avait pris depuis l'aéroport jusqu'en Toscane l'avait maintenu éveillée, un peu trop même. Le repas léger chez ses parents, le plaisir partagé de se retrouver ensemble tous les trois, l'émotion de les revoir un peu plus vieillis, mais si heureux, tout cela tournait en boucle dans sa tête. Elle décida de sortir faire un tour, pour se détendre et s'aérer un peu, car sinon elle ne trouverait pas le sommeil. Ses pas la portèrent vers la grande place, tout près de la maison, on y trouvait toujours des cafés ouverts jusque tard dans la soirée. Elle entra dans le premier bar venu et s'assit tranquillement, commanda un limoncello, car elle avait besoin de douceur, et se prit à rêvasser en laissant son regard errer sur la salle et les consommateurs. Puis elle le vit, c'était bien lui, le Roméo de son enfance. Elle se mit à le fixer, sans même s'en rendre compte.... Il dût sentir son regard, car il se retourna et la dévisagea tranquillement. Il était clair qu'il essayait de la situer. Elle entendait ses pensées, comme si elle était dans sa tête : « Je la connais, mais d'où ? ». Juliette continuait à le regarder et finalement, il prit son verre et vint s'asseoir à sa table, sans rien dire dans un premier temps. Puis ils commencèrent à parler au même moment. - Je vous connais, j'en suis sûr, je n'oublie jamais un visage ! - Vous êtes Roméo ! - Vous me connaissez ? Excusez-moi mais qui êtes-vous ? - Juliette bien sûr, précisa-t-elle avec un grand éclat de rire
Il la regarda sidéré, puis prit le parti d'en rire, lui aussi. Et les questions se succédèrent, il voulait tout savoir d'elle et elle de lui ! Une heure plus tard et quelques verres aidant, il savait qu'elle s'était mariée avec un étudiant américain, venu faire un séjour linguistique à Florence, où elle étudiait l'histoire de l'Art. Ils s'installèrent à New-York, elle y trouva un travail au Moma qui cherchait justement un spécialiste de la Renaissance italienne. Elle ne savait plus, si c'était son amour pour Steve ou la passion pour son travail, mais les années passèrent à cent à l'heure, avec en prime deux merveilleux enfants. Mais l'usure du quotidien dans cette mégalopole qui ne dormait jamais eut raison de leur couple. Elle décida de rester, car son travail la passionnait toujours autant et elle ne voulait pas se séparer de ses enfants, ni les immerger dans un pays qu'ils ne connaissaient que par des vacances trop brèves et irrégulières. Depuis dix ans elle revenait régulièrement voir ses parents, une à deux fois par an. Les enfants eux, vivaient leur vie de jeunes adultes et avaient de moins en moins besoin d'elle.... Il se raconta à son tour, mais avec un préalable qui la bouleversa : il n'avait jamais oublié leur ébauche d'amour adolescente. Il n'avait pas compris ce qui était arrivé et cela conditionna, par la suite sa confiance envers toutes les femmes qu'il avait pu rencontré. Il était professeur de droit à l'université « La Sapienza » de Rome et y partait toutes les semaines, pour ses cours. Il travaillait beaucoup passait son temps libre à peindre, c'était sa passion à lui. Il avait bien eu quelques liaisons mais n'arrivait pas à s'engager complètement et chaque fois, il y avait beaucoup de déceptions de part et d'autres. Il n'avait jamais imaginer revoir Juliette. Il passait souvent quelques jours à Pistoïa, pour voir ses parents dont le grand regret etait qu'il n'ait pas eu d'enfants... Ils se regardèrent timidement, puis intensément, évaluant ce qu'ils avaient loupé ensemble. N'était-ce pas trop tard, avaient-ils encore l'énergie de se jeter dans une passion adolescente, à leur âge ? Elle allait lui dire qu'ils pourraient se voir le lendemain que justement elle avait des courses à faire et qu'il pourrait l'accompagner, puis se retint in extremis, pour ne pas recréer la même situation d'il y a des années. Simplement elle lui prit la main et lui proposa une ballade dans la ville qui s'endormait peu à peu. Et adviendrait ce qu'il adviendrait. On ne s'appelle pas impunément Juliette et Roméo." MARIE B